Maïna Konnegan

Comme toute histoire, celle-ci commence par une rencontre. L’entrée de Douglas Konnegan, avocat en vacances au pays mystérieux d’Irlande, dans le magasin de produits naturels de Sarah Williams. Lentement, l’étincelle de l’amour les réunit et, un an après leur rencontre, un petit garçon pointa le bout de son nez. Mathias-Issac fit la joie de ses parents. Le bonheur flottait dans la maison. Mais, il ne dura pas longtemps… Douglas se fâchait plus souvent, avait moins de patience, devenait plus agressif et violent. Un jour, il osa même lever la main sur Sarah, lors d’une dispute sur l’éducation de Mathias. Où était passé l’homme si gentil qu’elle avait rencontré? À l’annonce de la venue d’un nouvel enfant qu’elle n’espérait plus, Sarah mit ses inquiétudes de côtés.
Mathais fêtait ses 7 ans ce jour-là et il reçut un merveilleux cadeau : la naissance de sa petite sœur Isabella-Maïna. Le garçon accueillit le nouveau-né sans jalousie. Il adorait s’occuper de son bébé et Sarah le surnomma le petit Chevalier. Matt souriait toujours à son surnom, heureux. Mais, il n’était pas aveugle… Papa et Maman n’étaient pas heureux, eux…
Un matin, Maïna, alors âgée de 3 ans, s’éveilla de bonne humeur et avec l’envie de jouer avec son Chevalier. La fillette courut à la chambre, poussa la porte et … Personne! Mathias n’était pas dans son lit. Ses jouets avaient aussi disparut. Elle traversa le couloir et entra avec fracas dans la chambre de Maman. Papa n’y était pas non plus. Maï ne comprit que bien plus tard leur départ…

Les années qui suivirent, Maïna les passa seule avec sa mère. Un lien incassable s’était créer entre elle. La fillette aidait avec acharnement sa mère dans le magasin et Sarah lui organisait des soirées Disney où mère et fille dormait collées sur le divan. Inévitablement, Maï commence l’école. Elle avait très peu d’amis, les enfants avaient toujours eu peur de la sorcière Sarah… Mais, Maïna s’en fichait bien. Maman était là.
Un après-midi d’été, Maïna, âgée de 7 ans, marchait dans le village avec sa mère. Il devait y avoir une réunion des commerçants pour organiser une fête foraine. Maï parlait avec joie des jeux prévus par l’école. Alors qu’elles traversaient la rue, une voiture roulait à toute vitesse vers elles. Sarah poussa sa fille sur le trottoir juste à temps. Le chauffard ivre la frappait de plein fouet la seconde suivant. Sarah fut conduite à l’hôpital le plus près où on ne pu que constater son décès. Le cœur en miette, Maïna du quitter l’Irlande vers l’Angleterre.

Maïna revu pour la première fois son père et son frère. Malgré les années, l’irlandaise retrouva tout de suite sa complicité avec Matt. Le Chevalier s’en voulait beaucoup de ne pas avoir pu être près d’elle lors du drame. Dès le premier regard à son père, la petite Maï sut immédiatement qu’ils ne s’entendraient jamais. Les premières semaines, Maï se transforma en petite peste. Douglas lui avait fait un discours de règle à suivre dans sa maison dès le premier soir. Cela ne fit qu’empirer sa première impression. Un jour, elle décida de s’enfuir de la maison et d’aller vivre avec sa grand-mère. Mais, elle n’eut le temps que de se rendre au guichet de l’aéroport. Son père l’avait retrouvé et il l’a ramena immédiatement à la maison où Maïna eut sa première punition corporelle, un coup de ceinture dans le dos.

La punition n’eut pas l’effet qu’aurait voulut son père. Maïna devenue vite insupportable, défiant sans crainte Douglas et provocant toutes sortes d’accidents à l’école. Malgré les avertissements et les demandes de Mathias, la jeune fille n’avait aucune intention d’arrêter. Mais, chaque mauvais comportement avait sa punition, des notes trop baisses au goût de son père, des tours qu’elle jouait aux professeurs jusqu’à sa façon peu convenable de tenir une fourchette. Maï les supporta toutes, les larmes aux yeux mais avec détermination. Le Chevalier ne pouvait que réconforter sa Princesse. À l’année de ses 10 ans, Douglas décida de l’envoyer dans une école-pensionnat éloignée de la maison pour calmer ses ardeurs. Cette école était réputée pour être sévère avec les étudiants et elle était dirigée par des Sœurs.
À son arrivé, Maïna demeura bien sage pour une fois, appréciant l’absence de son père. Jusqu’à un certain soir où tous les étudiants étaient réunis pour le souper. Elle était assise, tranquille, sur son petit banc, à manger son repas quand elle reçut derrière la tête de la compote de pomme. En se retournant doucement, la jeune fille pus voir un garçon plus âgé qui riait. Sans hésiter, elle saisit des patates pilées avec sa cuillère et lui lança. Le garçon évita de peu le missile, qui atterrit dans les cheveux d’un garçon derrière lui. Furieux, ce dernier lança à son tour son dessert. Maï évita le projectile qui atterrit dans l’assiette de sa voisine. Et c’est ainsi qu’une bagarre de nourriture se déclencha entre tous les étudiants. La jeune fille vit disparaître le garçon qui l’avait attaqué en premier sous sa table. L’irlandaise n’hésita pas une seconde et se glissa au sol pour le rejoindre. Dés qu’elle fit assez près, elle lui sauta dessus et un petit échange de coup commença. Au bout d’un moment, elle se sentit tirer vers l’arrière. La jeune fille leva la tête et aperçut la mère supérieure. Elle les gronda et les condamna à nettoyer la salle à dîner. Une fois partit, il ne fallut pas longtemps aux deux enfants, maintenant seuls, de déclencher une bataille d’eau et de savon. La mère revenue un peu plus tard pour observer leur œuvre. Elle n’apprécia pas le décor de bulles de savon qu’elle y trouva. Elle les envoya dans son bureau et sortit de la pièce en s’écrasant au sol. Elle avait marché sur la barre de savon. En chemin, les deux enfants se présentèrent amicalement. Le jeune garçon se nommait Ryu Oshikawa. Au bureau, une jeune fille nommée Kassandra Friedrich attendait, elle aussi. Quand ils la questionnèrent, elle répondit qu’elle avait fumé dans les toilettes.
Dès le lendemain, ils formèrent un trio inséparable, comme s’ils s'étaient toujours connus. Quelques semaines plus tard, ils firent un pacte d’amitié. Maïna passa deux ans avec ses nouveaux amis, deux années merveilleuses. Tous ensembles, ils ont fait plus d’un mauvais coup et plus d’un vol. Ils devinrent rapidement le trio le plus détesté par les Sœurs du pensionnat.

Pour une raison qu’elle ignorait totalement, Ryu partit vers la fin de l’année, la laissant seule. Puis, se fit au tour de Kassandra. Elle disparut mystérieusement. Maïna questionna sans relâcha les Sœurs mais aucune ne voulut lui répondre. Furieuse, la jeune fille laissa tomber les études pour faire de nombreux coups au pensionnat. L’été arriva et la jeune fille rentra chez elle. Son père la gronda sévèrement, n’hésitant pas pour la punir avec tous les objets qui lui tombaient sous la main. Mathias dut regarder la scène sans pouvoir agir. Douglas annonça l’inscription de Maïna dans un nouveau pensionnat bien plus sévère mais elle s’en réjouissait. Peut-être que ses amis allaient y être…
Mais, aucun de ses amis ne se trouvaient dans cette école-là. Ne se laissant pas abattre pour autant, Maï réussit à se créer un nom rapidement. Auprès des élèves, elle était adorée pour son courage à défier l’autorité. Pour le personnel, elle était une dangereuse délinquante qu’il fallait maîtriser. La jeune fille obtenue des punitions corporelles pour chacun de ses tours découverts. Mais, cela n’arrêta pas notre petite Maï.
L’été arriva de nouveau. Contrairement à ce qu’elle aurait cru, son père ne l’accueillit pas avec des coups. Il lui annonça plutôt que Mathias avait quitté la maison pour se rendre dans une université aux États-Unis. La jeune fille fut déçue de perdre son frère mais très heureuse qu’il puisse quitter cet endroit. Un jour, ce serait son tour. Douglas, voyant que peu importe l’école sa fille restait la même, lui choisit alors une nouvelle école où passer l’année, plus près de la maison.

Son entrée dans cette école fut très calme, contrairement à son habitude. Un après-midi, alors qu’elle s’amusait à se déguiser en garçon, elle fonça dans un jeune homme. Il ne fut pas très content et l’empoigna par le col de son chandail. Il avait bien l’intention de lui dire sa façon de penser. Mais, Maïna reconnut son ami Ryu. Elle retira la casquette qui masquait ses cheveux longs en poussant un rire. Un peu plus tard cette journée-là, ils rencontrèrent par hasard la jeune Kassandra qui fumait dans un coin de la cour. Le trio était de retour. Mais, Ryu avait maintenant une petite amie, qui rendu Maï jalouse. Par chance, la petite amie le laissa au milieu de l’année, au grand plaisir de l’irlandaise.
Le reste de son parcours scolaire ne fut que plaisir dans cette école. Toujours des vilains tours à jouer à ceux qui le méritaient, des nuits blanches à regarder des films entre amis… Malgré sa graduation, Ryu choisit de rester en ville. Bien que Kassandra décida de poursuivre sa vie dans une université canadienne et que son père la punissait toujours autant, Maïna vivait dans un petit bonheur.

À la fin de sa dernière année, Ryu l’invita dans son pays natal. C’était un peu comme un cadeau d’avance pour ses 18 ans. Maïna avait accepté sans hésitation. Elle reçut même l’approbation de son père qui lui paya le billet. Mais, le jeune homme ne lui avait pas révélé ses véritables intentions… La journée de leur arrivée, ils se rendirent à la maison familiale. Gendô, le père de Ryu, venait à peine de rentrer d’une longue soirée passée dans un bar du coin. La rencontre commença par une conversation mouvementée, les jurons et les cris volaient dans la pièce. La petite Maï resta saisit, ne sachant pas quoi faire. Ryu lui avait dit que sa relation avec son père était difficile mais jamais autant que cela.
Soudain, Gendô se jeta sur Ryu, les mains serrant le cou du jeune homme. La jeune irlandaise, apeurée, remarqua bien vite que son ami commençait à manquer d’air. Affolée, elle saisit une fourchette et la planta dans le bras de Gendô, qui lâcha immédiatement Ryu. Fou de rage, il la gifla. Maï ne bougea pas, trop saisit pour réagir. Insulté, le père s’apprêtait à faire une nouvelle tentative mais Ryu prit la première chose qu’il eu sous la main, un couteau de cuisine rouillé, et l’enfonça dans la cuisse de son père. Le jeune homme attrapa alors la main de Maïna et la sortit de la maison, pour ensuite y retourner immédiatement. Maï resta seule à l’extérieur. Affolée et sous le choc, ses jambes la lâchèrent et elle tomba. Ryu revient quelques minutes plus tard, le regard sombre et les poings serrés. Il se laissa tomber sur les genoux à ses côtés et il baisa la tête. La discussion ne reprit pas. Plusieurs minutes passèrent encore avant qu’une main se saisisse de la sienne. Ryu fit les valises et trouva un peu d’argent.Tous les deux quittèrent finalement de la maison familiale. Deux semaines passèrent avant que Ryu déniche un appartement au dessus d’une boulangerie. Entre temps, l’atmosphère était invivable. Ryu ne prononça pas un mot.

Ils s’installèrent le premier jour où l’appartement était libéré. Il n’était pas ce qui était le plus propre, mais, au moins, il était peu dispendieux. Ce soir-là, Ryu lui offrit le divan-lit et Maï n’insista pas, même si elle aurait préférait le lui laisser. Son sommeil fut hanté par des affreux cauchemars où elle revoyait Gendô tenté de tuer Ryu. Le lendemain, elle se réveilla en sueur, apeurée. En un coup d’œil, elle s’aperçut qu’elle était seule, toute seule. Elle fouilla l’appartement sans trouver son ami. La panique s’empara de la jeune fille… Et si Gendô l’avait retrouvé… Et si Ryu était parti, sans rien dire… Et s’il l’avait abandonné… Elle était seule… Maï marcha comme un automate vers la salle de bain et s’assit dans le bain. Elle ouvrit l’eau froide. Peut-être que ce bain la réveillerait ? Oui, elle était sûrement encore dans un cauchemar. Les minutes passèrent et la panique, le choc et la peur ne semblaient pas vouloir la quitter. Son regard était embrumé par des larmes de peur. Elle entendit des pas, une porte qui s’ouvre et l’eau qui s’arrête. Un poids entra dans le bain avec elle et une main se posa sur son genou. Elle eut un frisson et leva le regard. C’était lui… Il ne l’avait pas abandonné. Les larmes qui coulaient déjà depuis quelques minutes redoublèrent. Sous la force des émotions qui l’habitait, Maï se lança dans ses bras et déposa sa tête contre l’épaule de Ryu. L’irlandaise serra les poings et passa sa colère contre lui, en dévoilant sa peur. Après quelques instants, elle tomba, épuisée, dans ses bras.

Le lendemain, elle se leva assez tôt et fut étonné de trouver Ryu à la cuisine. Elle apprit que Ryu avait trouvé un emploi pour eux à la boulangerie. Mais, elle commençait plus tard que lui. Le japonais la quitta vers 8 heures. Après avoir tourné en rond dans l’appartement une minute, Maïna descendit à la boulangerie. Hésitante, elle choisit de l’observer par la fenêtre. La boulangère, exaspérée, fit entrée la jeune fille et la plaça à la caisse. Maï n’était pas très habile en langage japonais, surtout que les seuls mots qu’elle connaissait étaient ceux de Ryu. Elle fut donc transférer le jour même en cuisine avec son meilleur ami. Elle pétrissait du pain et son nez lui piqua. Elle éternua un bon coup. Un nuage de farine envahit la pièce et lui couvrit le visage. Ryu eut un rire. L’atmosphère se décontracta aussitôt entre eux.

Enfin, tout allait mieux dans leur vie. Ils ramassaient de l’argent, avaient un appartement confortable, un travail plaisant et un employeur compréhensif. Pourtant, quelques jours plus tard, Gendô les retrouva. Du moins, l’homme marchait régulièrement devant la boulangerie, semblant vouloir les narguer. Plus la silhouette passait, plus les mains de Ryu pétrissaient la pâte à coups de poings. Maïna ne savait plus quoi faire pour l’aider, pour détourner son attention. Mais, elle pensait comme lui. Un jour, il finirait bien par s’en aller, partir pour de bon. Des jours, des semaines passèrent mais Gendô marchait toujours devant le magasin. L’irlandaise savait bien qu’elle ne pourrait pas le retenir bien longtemps.
Un jour, la silhouette passa une nouvelle fois devant la boulangerie. Tout ce qu’elle sentit fut un coup de vent et, lorsqu’elle tourna la tête vers la fenêtre, Mai ne fit que deux corps entremêlés dans les passants. Miss Kyuun n’eut pas besoin de lancer un regard apeuré à la jeune fille, ni de murmurer le nom du japonais pour que Maïna devine que c’était Ryu qui frappait l’autre corps. Elle sortit de la boutique en criant son nom, en bousculant les passants, n’entendant même pas le bruit des sirènes qui se rapprochait. Elle tenta de s’approcher des corps, les larmes aux yeux, le cœur battant. Ryu se redressa à peine, le temps de lever à nouveau le poing. Elle n’hésita pas un instant avant de le serrer dans ses bras, de murmurer à son oreille d’arrêter, de laisser couler les larmes. Ryu s’effondra dans ses bras. Elle le serrait encore contre elle, le tachant de farines et d’eau salée, quand les policiers arrivèrent finalement sur les lieux.

Au poste de police, Maïna fut emporté dans une salle d’interrogation, laissant derrière elle Ryu. Elle raconta l’histoire du mieux qu’elle put, en évitant les détails qui donneraient un aller direct pour la prison à son ami. On la libéra bien vite, simple témoin de la scène. L’irlandaise choisit d’attendre son ami. Elle ne partirait pas sans lui. Mais, après des heures, il ne revenait toujours pas. Une policière lui conseilla de renter chez elle. L’affaire était loin d’être au clair. À contre cœur, la jeune fille gagna l’appartement. Quand la porte s’ouvrit, quelques heures plus tard, Maïna sauta au cou de son ami. Mais, ce dernier ne semblait pas aller bien. Maï lui conseilla une bonne nuit de sommeil. Le lendemain, Ryu lui offrit de partir ailleurs, afin d’éviter des ennuis au gentil couple qui les avait tant aidé. Maïna ne put rien répliquer, même si elle était triste de quitter les Kyuun. Une nouvelle vie commençait pour eux, dans une petite ville aux apparences tranquilles.