Un deuil difficile (réservé)

Les hurlements m'amenèrent jusqu'à la forêt, mon refuge ainsi que celui de ma meute, mon chez moi. À ma grande surprise, rien ne semblait grave, toute la meute était là, saine et sauve. Cependant, quelque chose dans l'atmosphère était étrange, quelque chose était différent. J'avais l'impression qu'une âme nous avait quittée, qu'une présence était absente.

Nerveux, je m'avançai vers la grotte de l'ancien, où un grand nombre de mes confrères se trouvaient, pour y trouver le vieil homme qui m'avait tout appris, inanimé au sol près du feu qui, avec sa lumière chancelante, lui avait toujours donné l'allure du plus grand des sages.

Cette lumière, bien que toujours claire et étincellante, s'était toutefois éteinte dans l'esprit de tous les membres de la meute. Mes genoux lachèrent et je m'écroulai au sol, poussant le grognement le plus désespéré que je puisse pousser, hurlant ensuite au son de la meute canonnant mon cri.

Je ne pouvais rester là. Je savais ce qui allait s'en suivre. J'étais celui qui devait prendre contrôle du clan, le prochain chef; je n'étais pas prêt. Je devais partir.

D'un pas rapide, je quittai la forêt, toujours boulversé par ce qui s'était produit, mais surtout par mon futur qui, bien que de plus en plus loin derrière moi, allait me rattrapper rapidement.

Ce n'est que près des route que j'osai m'arrêter, à la lisière du bois, je pris place dans l'herbe avant de déposer ma tête dans mes mains. Je sentais à peine le vent dans mes cheveux, les yeux fermés, tout ce qui me traversait l'esprit était l'image du vieux par terre, la fin d'une époque où tout était facile pour moi, où je n'avais pas de responsabilité. Mes sens étaient confus et je ne me concentrais sur rien, je me laissais envahir par toutes les mauvaises énergies qui m'entouraient.

J'étais perdu.

J'entendais toujours les hurlements, sans savoir si c'était bien réel ou seulement dans ma tête. Ils étaient si clairs, mais ne même temps, tout me semblait flou. Je me remémorais ma vie avant l'incident qui me transforma en une bête sauvage, attiré par la chaire. Je repensais aux jeunes de la meutes, mes jeunes, qui, sans savoir ce qui allait se passer, jouaient sûrement encore dans l'herbe, roulant les uns au-dessus des autres dans de faux combats qui allaient bien vite se transformer en une guerre véritable lorsque je prendrais ma nouvelle place dans la meute. L'un d'eux, devait prendre ma place, tout comme je l'avais fait il y a des années pour remplacer mon prédécesseur.

Mon sang, ma chair, allait se battre pour déterminer le plus fort et j'allais les voir s'entretuer sans flancher.

Je les imaginais déjà, devoir combattre leurs frères en se demandant:

"Qu'est-ce qui se passe... Tu es perdu?"

J'ouvris les yeux. Perdu? Je réalisai alors que ma rêverie avait pris fin.

Je sentis une odeur familière, celle d'un enfant. Il y en avait tant dans la meute, elle m'entourait à chaque jour. Je levai les yeux et, à ma grande surprise, un homme se tenait devant moi. Je me relevai, les sourcils froncés.

- Je m'éloigne.

L'homme me semblait inoffensif, mais une partie de lui, même si je n'arrivais pas trop à discerner pourquoi, me disait le contraire. Je grognai, je savais qu'il avait compris que je n'étais pas humain, mais qui était-il pour connaître l'existance des lycans?

Sont sourire me captivait, il parraissait un peu forcé, comme s'il tentait de me cacher quelque chose. Ses yeux verts me scrutaient, je les sentais traverser mon esprit. Ils étaient d'un vert peu commun, d'un vert émeraude pur, une couleur riche qui brillait dans un orbite quelque peu décoré par l'âge.

Je m'approchai pour le sentir un peu mieux, son odeur se portant vers moi. C'était bel et bien celle d'un enfant. Peut-être en avait-il?

Les hurlements devenaient de plus en plus distant, ils me laissaient enfin en paix. J'étais soudainement plus calme.

- Tu peux t'en aller, là. J'suis capable de vivre sans chaperon!